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Mon tour de Corse en tandem… une aventure inoubliable !

Du 13 au 21 mai 2011

Des cyclotouristes de mon club étaient tombés sous le charme de l’île de beauté, leurs récits passionnants m’ont donné l’envie de réaliser tout comme eux le tour de Corse. Ce séjour proposé tous les deux ans par le CODEP du Val d’Oise était pour sûr bien organisé par Raymond PANNEQUIN, assisté par son ami Guy PLAIS.

Je suis handicapé visuel et la pratique du cyclotourisme m’est possible, certes d’une manière différente, grâce au vélo-tandem.

Si j’ai pu participer, je le dois tout particulièrement à Alain MANSARD qui s’est engagé à me piloter. Il souhaitait aussi qu’une autre personne puisse le relayer durant le séjour et c’est Jean-Pierre LALANDE qui s’est spontanément proposé.

Enfin, toutes les conditions étaient réunies pour la grande aventure.


Que de sueur laissée sur le bitume corse mais au final quel plaisir d’avoir parcouru 950 kms sous le soleil, plus de cinquante cols et environ 15 000 m de dénivelée positive en neuf étapes. Partis d’Ajaccio, nous avons fait le tour de l’île en terminant par l’apothéose la côte ouest. De plus, le circuit a été tracé de telle façon qu’il passe par les six brevets des provinces françaises. Les organisateurs avaient aussi projeté deux étapes un peu plus courtes pour privilégier le tourisme, excellente initiative. Ainsi nous avons eu droit à une promenade en bateau pour contempler les falaises de Bonifacio et une autre pour admirer le golfe de Porto et les calanches de Piana.

Avec Alain
Avec Jean-Pierre

Je ne saurai vous parler des magnifiques paysages variés et colorés, des splendides vues panoramiques sur la côte découpée, des multiples couleurs de la mer variant du turquoise à un camaïeu de bleus. Bien que mes pilotes aient fait leur possible pour me faire partager ce qu’ils percevaient, il faut se rendre à l’évidence, je ne pourrais me faire qu’une pâle idée de la réalité des beautés naturelles de cette île de rêve.

En outre, j’ai pu profiter des multiples parfums subtils provenant de cette terre de contraste, des senteurs particulières du maquis aux effluves iodées de la méditerranée. J’ai aussi gardé en mémoire des rencontres inoubliables avec des autochtones très fiers de leur identité, de leur île et qui tiennent à la garder à l’état sauvage, des gens passionnés et accueillants. Pour illustrer mes propos, après une dure journée de tandem, nous étions à Corte chez un caviste pour déguster une boisson rafraîchissante accompagné de charcuterie locale. Le tenancier, personnage haut en couleur, nous avait sorti une réplique déconcertante. Une de nos amies avait l’intention d’acheter de la coppa pour le continent mais nous n’étions qu’à la moitié du séjour. De peur qu’elle ne se conserve, le caviste lui avait déconseillé l’achat avec cette répartie inoubliable :

« … écoutez Madame, je suis un voleur honnête moi ! ».

Les Calanches de Piana
La Vieille ville de Bonifacio

A la suite d’une autre longue journée dont le retour fut harassant, particulièrement la traversée de Bastia pour se rendre à un hôtel à Pietranera, nous avons fait la connaissance du veilleur de nuit  (Pasquale Paoli), homonyme du héros corse par excellence, quelle coïncidence... Encore un personnage truculent, très attaché à ses racines insulaires.

S’agissant des montées, je n’oublierai pas cette rampe bien raide à la sortie de Calvi pour rejoindre la chapelle de Notre dame de la Serra.


Alors tout petit développement obligatoire et on appuyait fort sur les pédales. De la haut, quel beau panorama sur la baie de Calvi, nos efforts ont été bien récompensés.

Il y eut également une journée mémorable où nous avons franchi péniblement le col de l’Ospedale sous des bourrasques de vent impressionnantes et un froid glacial. Mon pilote voulait raccourcir le parcours, j’ai réussi à l’en dissuader et par chance, le soleil fit son apparition par la suite et nous avons pu entreprendre l’ascension du col de Bavella avec des vues splendides sur ses aiguilles.

Notre Dame de la Serra
Vers Porto

Durant tout ce périple, nous avons eu droit à des côtes « corsées » mais les descentes n’avaient rien à leur envier. Elles étaient quelquefois scabreuses, mauvais revêtement, avec des lacets sinueux. Il arrivait d’être plus rapide que les voitures et certaines d’entre elles se garaient pour nous laisser le passage. Il y eut deux belles pentes avec une bonne visibilité pour mon pilote, l’une nous menant jusqu’à Corte et l’autre avant d’arriver à Ajaccio, le tandem filait à vive allure tel un bolide, que de bonnes sensations ! La prudence était toujours de mise, au cours d’une descente, nous avons failli être surpris par un troupeau de moutons qui traversait rapidement la route. Merci les freins à disque…

En Corse, les divagations animales sont coutumières. Il ne faut pas s’étonner de trouver des vaches couchées sur la voie publique, des cochons en toute liberté et se méfier des chiens qui étaient tentés par nos mollets musclés.

Encore un Grand merci à mes valeureux pilotes sans qui je n’aurais jamais pu réaliser ce rêve. Je garderais longtemps en mémoire ce beau périple.

De même, je n’oublierais jamais la gentillesse des Corses rencontrés et la chaleur humaine du groupe ainsi que des organisateurs.

Eh oui, moi aussi, je suis tombé sous l’emprise de cette île bénie des Dieux.

Joseph AGRO
      US CERGY CYCLO