BCMF des Aravis des 16 et 17 juin 2012

Un challenge réussi en tandem

    Cette année, Stéphane et moi avions comme objectif d’affronter en tandem les cols alpestres en participant au brevet randonneur des Aravis. En effet, le brevet montagnard du Jura en 2006 suivi en 2007 par les ballons Vosgiens nous avaient laissé d’excellents souvenirs. Pourquoi en tandem, tout simplement parce que je suis handicapé visuel et que cette monture me permet la pratique du cyclotourisme. Dans cette aventure, nous étions accompagnés par deux adhérents de notre club, les époux Dominique et Jean-Pierre. Le samedi 16 juin 2012, nous avons été saisis par la chaleur estivale contrastant avec le mauvais temps de la région parisienne.

     Nous enfourchions le tandem pour quitter Annecy vers 11 heures en empruntant les pistes cyclables permettant ainsi d’éviter la circulation. Après une mise en jambe le long du plateau des Glières, nous avons franchi le col des Fleuries, le premier de la journée, sans grande difficulté. Ensuite nous nous sommes retrouvés sur la vallée de l’Arve pour nous rendre à Bonneville, lieu du ravitaillement. J’entendais de-ci delà, le concert des clarines dans les alpages. Stéphane, vouant une passion à l’espèce bovine, me confirmait la présence de vaches de race abondance, si caractéristiques avec leur robe acajou  et leur tête blanche.

« A Mieussy, les choses sérieuses vont commencer » nous avait dit un cyclo natif du coin, nous avons été prévenus et ce qui devait arriver se produisit avec l’attaque du col de la Ramaz en début d’après-midi. Une ascension de 14 km sous une chaleur étouffante et à mi-parcours, la pente s’élevait à plus de 10 % pendant 3 km. A partir des pare-avalanches, ce fut dur, j’essayais de gérer tant bien que mal un début de crampe à la cuisse en buvant régulièrement mais même l’eau me restait sur l’estomac. Je demandais à mon pilote si nous avions encore la possibilité de mettre un pignon supplémentaire, il me répondit que nous étions tout à gauche. Puis nous sommes entrés dans un tunnel. Stéphane me lut le panneau indiquant sa longueur : 195 m, celui-ci nous a paru interminable. La vitesse du tandem oscillait entre 5,5 et 6 km/h, rendant la machine peu stable à cette allure. A la sortie du tunnel, la pente s’élevait toujours. Stéphane a donc pris la sage décision de faire une pause. Nous étions victime d’un gros « coup de pompe », plus d’énergie  pour faire avancer le tandem. La chaleur et la raideur de la pente ont fait du dégât. Un grand nombre de cyclistes étaient à pieds ou à l’arrêt dans les rares zones ombragées dans l’espoir de retrouver des forces. Ce col porte bien son nom puisqu’à La Ramaz beaucoup de cyclotouristes se ramassent à la pelle...

Une centaine de mètres plus loin, les rafraichissements consommés à la terrasse d’un café nous ont redonné de la vigueur. Nous étions repartis fringants comme au début pour rejoindre le Praz de Lys, dernier contrôle de la journée. Direction Le Col de la Savolière puis ce fut l’entrée dans le Chablais par le Col de l’Encrenaz qui fut franchi au sprint. Eh oui, nous avions retrouvé nos jambes perdues dans le fameux tunnel. Ensuite ce fut la descente rapide vers Morzine. Il fallait avoir des talents de descendeur et une confiance aveugle en mon pilote pour négocier les nombreux virages en épingle. Au gite, les boissons fraîches furent appréciées pour nous réhydrater. Une fois la douche et le repas reconstituant pris, nous nous sommes promenés dans les environs de Morzine. Cela a permis de relaxer certains muscles éprouvés par les efforts fournis.

             Le lendemain matin, départ vers 8 H, nous avons commencé par escalader le col de la Joux verte, une belle montée de 13 km assez régulière excepté un passage à 11 %. Dès les premiers lacets, nous avons été «déposés» par les coureurs d’une cyclo sportive. En revanche, le tandem grimpait à un rythme constant avec un petit braquet. Cela permettait à Stéphane d’admirer le lac de Montriond et les magnifiques paysages qu’il s’empressait de me décrire. Il y eut une scène assez cocasse en traversant le village des Lindarets, des chèvres se promenaient sur la route sans s’occuper des innombrables vélos qui passaient.

   Nous avons rejoint le ravitaillement situé à la station d’Avoriaz à 1800 m d’altitude, point culminant du parcours. S’ensuivit une belle descente sinueuse sur Morzine. Après avoir gravi les cols des Gets et de Chatillon, nous avons rejoins Marignier où nous attendait un copieux déjeuner. Nous avons ensuite pris la direction de la vallée de la Borne pour la dernière difficulté du circuit, le col de Saint-Jean de Sixt avec un pourcentage raisonnable. Nous entamions une folle descente jusqu’à Thônes, aplatis sur notre monture, en position aérodynamique, le bruit aigu du vent siffler dans mes oreilles, que de sensations grisantes. Le tandem dévalait à vive allure et au dernier ravitaillement de Thônes, Stéphane était ravi de m’apprendre en scrutant le compteur que nous avions battu notre record. Effectivement, durant une centaine de mètres, nous avions faite une pointe à 81,5 km/h. Dans cet exercice, le tandem, bien plus lourd que le vélo classique dépassait allégrement les autres coureurs. Par contre dans les montées, c’était l’inverse. Nous avons regagné Annecy en passant par le col de Bluffy. Stéphane me dépeignait les jolies vues panoramiques du lac qu’il avait la chance de contempler.

      A l’arrivée, nous étions heureux d’avoir été au bout de ce défi, surpris et fiers de recevoir une récompense. Nous étions le seul équipage tandémiste à réaliser le grand circuit option « tourisme » ; sur les 1112 partants. Durant ce week-end, nous avons été très touchés par les mots d’encouragements venant de nombreux participants. Le tandem étonne et suscite toujours l’admiration surtout dans ce type d’épreuve.

       Je tiens à féliciter les organisateurs qui nous ont offert des prestations de qualité avec un accueil très chaleureux. Un grand bravo à tous les bénévoles du Vélo Club d’Annecy, ils se sont dépensés sans compter et toujours avec le sourire pour que ce brevet montagnard soit une réussite.

Joseph AGRO

U.S. Cergy Cyclo